LA CHRONOLOGIE EGYPTIENNE A LA LUMIERE DU PAPYRUS ROYAL DE
TURIN ET DE LA PIERRE DE PALERME : UNE ANTIQUITE VERTIGINEUSE
[Version : 25/08/2016]
par Roland COMTE.
Officiellement, les égyptologues
admettent, avec des variantes parfois considérables de l’un à l’autre (sont
d’ailleurs officiellement admises une « chronologie longue » et une
« chronologie courte »), que la civilisation égyptienne remonte aux
environs de 3400 av. J.-C., ce qui fait, par rapport à notre civilisation, une
antiquité de près de 6000 ans. Cela est déjà impressionnant mais, ce qui l’est
plus encore c’est qu’une civilisation aussi ancienne ait pu apparaître dès son
origine dans un état de perfection qui, s’il évolua avec le temps, ne subit pas
de profondes modifications durant plusieurs millénaires. Nous, dont la
civilisation n’a pas deux mille ans, sommes des enfants à côté des Egyptiens !
Mais il
existe des sources qui, pour être connues des égyptologues (et, le plus
étonnant, admises), repoussent tant les chronologies acceptées, que, si l’on en
tient compte, tout ce que nous croyons savoir sur l’ancienneté de l’Egypte est
à remettre en question.
Le papyrus royal de Turin
La première de ces sources est un document exceptionnel, le papyrus royal de Turin[1],
datant de la XIXe dynastie (1317-1207 av. J.-C.), conservé au Musée
archéologique de Turin, que nous avons eu le privilège de le voir dans la salle
"top secret" qui lui est réservée.
Pour résumer,
nous cédons la parole à R.A. Schwaller de Lubizc (Le roi de la théocratie pharaonique, Paris Flammarion, 1961), qui
présente l’affaire beaucoup plus clairement nous ne pourrions le faire :
"Le document le plus précieux pour connaître la
chronologie de l'Egypte est le Papyrus royal
de Turin qui donnait une liste complète des rois ayant régné sur la Haute et la
Basse Egypte depuis Ménès jusqu'au Nouvel Empire, avec la mention de la durée
de chaque règne. Précédant cette liste royale, les premières colonnes du
papyrus sont consacrées à la préhistoire, c'est-à-dire aux règnes qui ont
précédé Ménès, et sont ainsi rédigées :
- Dans la première colonne se trouve la liste des dix
Neter dont chaque nom, inscrit dans un cartouche, est précédé des symboles de
la royauté de Haute et de Basse Egypte (le jonc et l'abeille), suivi du nombre
d'années de règne, pour la plupart manquant.
- Dans la seconde colonne, se trouvait la liste des
rois ayant régné avant Ménès et la durée de leur règne. Les fragments
subsistants permettent de constater qu'il y était mentionné neuf dynasties
parmi lesquelles sont cités les (vénérables) de Memphis, les vénérables du Nord
et enfin les Shemsou-Hor, que l'on traduit par les Compagnons d'Horus.
Heureusement les deux dernières lignes subsistent presque intactes, ainsi que
le nombre d'années :
* Vénérables Shemsou-Hor, années 13 420,
* Règnes jusqu'aux Shemsou-Hor, années 23 200 (total
36 620 ans),
* Roi Ménès ...
Ainsi l'on peut comprendre que les Anciens font
remonter leur préhistoire à 36 620 ans avant
Ménès, et si l'on situe l'avènement de ce roi à l'époque de la fondation du
Calendrier, c'est-à-dire aux environs de l'an 4 240 avant J.-C., cela fait
remonter les origines de l'Egypte à près de 40000 ans avant notre ère, date
qui, bien entendu, est jugée excessive par les historiens modernes qui rejettent
ces chiffres dans le domaine de la fable (...)."
On pourrait
douter de la valeur d'un tel document s'il était unique. Mais les informations
incroyables sur l’ancienneté de la civilisation égyptienne sont confirmées par
au moins un autre document, qui n’en est pas une simple copie du papyrus (ce
qui lui ferait perdre une partie de sa valeur), la pierre de Palerme.
La pierre de Palerme
Il s’agit d’une stèle en diorite, gravée sur deux faces, qui, outre le
fragment conservé à Palerme, est brisée en quatre autres morceaux. Les
informations qu'elle fournit sont d'autant plus intéressantes qu'elle est
antérieure au papyrus.
La pierre
de Palerme date de la Ve dynastie (2715-2587 av. J.-C.). Selon
l’un des meilleurs spécialistes de cette question, le professeur Eduard Meyer (Chronologies Egyptiennes, Annales du
Musée Guimet, 1912), la Pierre de Palerme confirme la très haute antiquité de
la chronologie égyptienne donnée par le Papyrus Royal.
Ces deux
documents, bien que connus des égyptologues, qui n'en discutent ni
l'authenticité ni l'intérêt, sont volontairement ignorés des spécialistes en
raison de la remis en cause profonde qu’entraînerait leur prise en compte pour la
chronologie égyptienne.
Outre les
problèmes purement chronologiques, le Papyrus Royal et la Pierre de Palerme
posent d’autres questions. Qui sont ces Shemsou-Hor
qu’ils placent avant le Roi Ménès, ce roi déjà considéré comme mythique, dont
l’avènement ouvre la Ie dynastie, en l’an 3407 av. J.-C. ? Leur nom apparaît souvent dans les textes
égyptiens mais peu d'égyptologues ont osé approfondir la question. L'un d'entre
eux (Christian Jacq, devenu, depuis notre rencontre à Paris en 1974, un auteur
à succès mondialement connu: « Champollion
l’égyptien », « La reine soleil », « La pyramide
assassinée", etc.),
nous avait confié que nous avions soulevé-là "l'une des questions les plus épineuses de l'égyptologie".
On traduit généralement le terme de Shemsou-Hor
par compagnons, serviteurs ou suivants d'Horus. Avec eux, nous entrons de
plain-pied dans le mystère de la tradition religieuse égyptienne, entièrement
bâtie sur la tragédie osirienne.
Nos
contemporains sont plus familiers avec la mythologie grecque qu’avec l’égyptienne.
Pourtant, pour les Egyptiens de l’Antiquité, l’histoire sacrée d’Osiris,
assassiné par son frère Seth, faisait partie de la vie de tous les jours. Elle
influençait aussi leur vie dans l’Autre Monde puisque, après la mort, le défunt
(qu’il soit noble ou homme du peuple) s’identifiait à Osiris et suivait le même
chemin que lui, en retournant après sa mort, vers l’Ouest en Amenti. On n’a pas assez prêté
d’attention à cette mythologie. L’aurait-on fait qu’on se serait aperçu qu’elle
était beaucoup plus proche qu’on ne le croit de notre propre culture car le
sacrifice d’Osiris présente, de manière troublante, des ressemblances avec la
mort du Christ.
Rappelons-en
brièvement les circonstances : l’histoire se déroule dans une terre qui n’est
pas l’Egypte actuelle mais qui est située beaucoup plus à l’Ouest, le
« pays des morts », l’Amenti.
Lorsqu’on porte quelque attention aux textes égyptiens (en particulier le
recueil de textes divers appelés à tort « Livre des morts égyptiens[2]»),
on se rend compte que cette terre, que certains voudraient considérer comme
mythique, la « première » Egypte, était située au milieu d’une grande
étendue d’eau, à l’extrême occident de l’Egypte actuelle. Cela ne vous
rappelle-t-il rien ? ... Nous, si : une autre terre, soi-disant mythique elle aussi,
dont la tradition, rapportée par le plus grand philosophe grec de l’Antiquité,
Platon (427-387 av. J.-C.), avait été recueillie par Solon, justement en
Egypte, auprès des prêtres du temple de Saïs : celle de l’Atlantide. Or, nous avons lu de nombreuses fois que,
dans l’Antiquité, seul Platon aurait parlé de l’Atlantide et, de ce fait, qu’on
ne pouvait le croire. C’était ignorer tous les autres auteurs grecs qui y font
référence mais aussi et surtout la tradition sacrée égyptienne.
Donc, dans
cette terre d’Amenti, un combat
fratricide eut lieu entre deux frères d’origine divine : Osiris et Seth[3].
Cette guerre entraîna la destruction d'Amenti
(autrement dit de l'Atlantide). Les étapes de cette guerre civile sont
parfaitement décrites dans un magnifique ouvrage, l'Epervier divin de Marthe de Chambrun-Ruspoli[4].
Nous avons bien connu l'auteur et séjourné plusieurs fois chez elle, dans sa
belle maison de la Vieille Montagne à Tanger. Française d’origine (de la grande
famille des de Chambrun, associée à La Fayette, mariée au prince de Ruspoli, d’une
grande famille noble italienne), elle parlait couramment sept langues (dont
l’arabe) et lisait à livre ouvert l'égyptien ancien. Son livre est
principalement composé de citations des textes égyptiens originaux, la plupart
retraduits par ses soins (textes des pyramides, Livre des Morts, Papyrus d'Ani,
etc.). Sous cet éclairage, toute la mythologie et la religion égyptiennes, qui
nous restent souvent obscures, deviennent totalement limpides. Le Livre des
Morts, lui-même, devient clair lorsqu'on comprend qu'il s'agit d'un atlas
décrivant à l'envers l'itinéraire suivi par les rescapés atlantes venus de
l'extrême occident jusqu'en Egypte, après avoir traversé la mer intérieure qui
occupait encore en partie à l’époque le Sahara. Les traducteurs se seraient
évité bien des bévues (et, par voie de conséquence, bien des migraines à leurs
lecteurs) s'ils avaient eu cela présent à l'esprit en traduisant ce texte...
Mais admettre ce qui, pour nous, est désormais devenu une évidence, représente,
pour la plupart des égyptologues, une hérésie que leur formation leur interdit
seulement d'envisager.
Revenons-en à
la tragédie osirienne : après l’assassinat de son frère, Seth avait été
vaincu par son neveu Horus (celui-ci avait perdu l’un de ses yeux dans la
bataille et, en retour, avait émasculé son oncle). Horus, accompagné de ses
suivants (son armée ?), les Shemsou-Hor,
avait évacué son peuple rescapé loin d’Amenti, peu avant l’engloutissement définitif de ce véritable continent au
cours d’un gigantesque raz-de-maré qui eut des répercussions de part et d’autre
de l’océan atlantique. Après une terrible et longue errance vers l’est, les
immigrants s’étaient fixés dans le delta du Nil, apportant avec eux des
connaissances et des techniques extrêmement avancées (architecture, agronomie,
hydraulique, astronomie, etc.) d’où découla toute la civilisation égyptienne
que nous admirons tant. Rappelons-nous toutefois que ces évènements se placent
vers ~ 12000 avant notre ère, à une époque où l’Europe était habitée par des
peuples néolithiques qui utilisaient encore des outils de pierre !
Voici comment
M. Weissen Szumlanska résume tout cela dans l’un de ses ouvrages (Les origines atlantiques des anciens
Egyptiens) :
"Nous
avons ailleurs (Les Hommes Rouges) traité de cette caste d'instructeurs, les Serviteurs d'Horus, dont parlent les
anciens textes, en les assimilant aux porteurs de la civilisation dans la vallée du Nil. Ce que nous rappellerons
seulement ici, c'est leur arrivée
par petits groupes à l'aurore des temps prédynastiques, petits groupes
successifs qui se stabilisèrent
principalement en Egypte, mais qui semblent avoir visité et influencé l'Assyrie, la Chaldée, l'Elam,
peut-être d'autres contrées plus lointaines encore (...). Bien que les orientalistes modernes
s'ingénient à minimiser la durée des civilisations archaïques (tant elles nous paraissent étonnantes), la chronologie
égyptienne bénéficie en général, dans
leurs minutieux calculs, de ces quelques siècles d'antériorité. Cela serait suffisant
pour laisser aux Serviteurs d'Horus, ces Shemsou-Hor, le rôle d'initiateurs que
leur confèrent les textes
égyptiens. Les Shemsou Hor arrivaient d'ailleurs. Ils étaient porteurs de la civilisation qui s'établit sur
les bords du Nil, ce que confirment toutes les investigations,
y compris celles de Jacques de Morgan (Préhistoire orientale, t. II), qui fut un jour partisan de l'origine asiatique
(...).
"On
demeure convaincu, dit-il, que l'Egypte a reçu, de dehors et en une période de temps relativement courte, toutes les
connaissances nécessaires à son développement (...)
"Les
Instructeurs arrivaient de l'Ouest (il est plusieurs fois spécifié du
Sud-ouest) (...) C'est eux qui ont
apporté dans la vallée du Nil la science, les directives, les ressources intellectuelles et techniques qui
s'épanouirent en peu de temps sur les bords du fleuve privilégié."
Qui étaient
donc ces initiateurs arrivant de l'Ouest avec tout un arsenal scientifique et
technique perfectionné ? Ils apportaient avec eux un système d’écriture
élaboré, l'écriture hiéroglyphique, qui fut ensuite utilisée sans interruption
ni altération notable pendant près de 6000 ans ! D’où tenaient-ils leur
cosmogonie, leurs connaissances astronomiques, leurs techniques agronomiques,
hydrauliques et médicales qui nous stupéfient encore ?... Qui étaient-donc
ces Shemsou Hor, ces « Suivants d’Horus », si ce n’est des Atlantes,
grands témoins et rescapés de la tragédie égyptienne qui s'était jouée à plusieurs
milliers de kilomètres de là, en Amenti.
Il y aurait
bien d'autres choses à dire, sur le Sphinx, par exemple, sur le pyramidion,
disparu du sommet des pyramides (à moins qu'il n'ait jamais eu d'existence
matérielle), sur les incompréhensibles réactions des pyramides aux sondages par
bombardements cosmiques auxquelles elles ont été soumises par des
universitaires américains pour tenter de déceler des chambres et des couloirs
secrets... L'Egypte n'a pas fini de nous étonner ni de nous interpeller.
Mais
sommes-nous suffisamment ouverts, intelligents et surtout avons-nous atteint un
degré de connaissances suffisant pour être prêts à admettre l'inadmissible:
l’existence d’une civilisation aussi développée, spirituellement,
intellectuellement et même – par certains côtés qui nous stupéfient encore -
techniquement que la nôtre et admettre
que celle-ci remonterait à plus de 40 000 ans avant l’ère chrétienne. On peut
comprendre que cela donne véritablement le vertige.
[1] Dit aussi Canon royal
de Turin.
[2] Appellation trompeuse que
l’on devrait remplacer par « Livre de l’ouverture à la lumière ».
[3] Pour plus de simplicité, nous garderons l’appellation
moderne Osiris, qui provient du grec, plutôt que la transcription égyptienne,
Wsjr que l’on peut vocaliser sous la forme Asar.
[4] Cf. Marthe de Chambrun
Ruspoli. L’épervier divin. Genève, éd. Du Mont Blanc, 1969 (ce livre est devenu
introuvable en librairie).
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