Mémo : RC-Forts
vitrifiés (texte révisé_05/07/2014).
Une 1ère version
de ce texte a été publiée en français et en anglais sur le
site anglais consacré aux vestiges de forts vitrifiés de l’âge du fer
(hillforts) : www.brigantesnation.com
Note liminaire
La toute première version de
ce texte avait été publiée en 1998, au retour d’un voyage en Ecosse au cours
duquel j’avais découvert l’existence de « forteresses vitrifiées ».
Depuis, je n’ai cessé de
m’intéresser à ce phénomène et j’ai découvert que, si l’Ecosse regroupait à
elle seule une grande concentration de forteresses vitrifiées, elle était loin
d’être la seule à présenter cette énigme archéologique. En effet, d’autres pays
d’Europe, à commencer par la France,
avaient aussi, et ce dans des régions très différentes les unes des autres, des
forts vitrifiés.
J’ai donc voulu en savoir
plus et je me suis livré, depuis 1998, à un inventaire qui, sans avoir la prétention d'être
exhaustif, m’a fait repérer une 100e de forts vitrifiés en France,
mais aussi au Portugal, dans le nord de l’Europe, dans les pays scandinaves et
en Europe centrale.
D'autres vitrifications, comme celles signalées au Moyen Orient, en Inde et aux Etats-Unis, si elles présentent des similitudes avec les forts vitrifiés européens, ont des datations et sans doute une origine différente.
J'aborde aussi la question, elle aussi sans réponse à ce jour, du verre libyque.
J’ai été aidé dans ce travail
par des informations qui m’ont été adressées du monde entier, principalement
grâce à ce media extraordinaire qu’est Internet.
Bien que l’exposé général
rédigé en 1998 soit toujours fondamentalement valable et que je n’aie toujours
pas de solution satisfaisante à proposer à cette intrigante énigme archéologique,
il était nécessaire de réactualiser ce texte sur plusieurs points, ne serait-ce
que pour y intégrer des observations nouvelles.
Présentation
C’est donc lors d’un voyage
en Ecosse, pendant l’été 1997, que j’ai entendu parler pour la première fois de
forts vitrifiés (« vitrified
forts » en anglais) :
c’était en fin de journée. Mes amis et moi, nous arrivions au Château d’Urqhart, impressionnante ruine médiévale dominant la
rive occidentale du Loch Ness, un peu au sud d’Inverness (nord de
l’Ecosse), au moment où celui-ci fermait. Nous ne pûmes donc visiter
le site et nous rabattre sur les panneaux
qui indiquaient – comme s’il s’agissait d’une évidence - que ce château « faisait
partie de l’ensemble des forteresses vitrifiées de l’âge du
fer d’Ecosse ».
Le même panneau faisait allusion à d’autres forteresses de ce type, comme si cela
était une évidence en Ecosse.

Cette mention m’intrigua au plus haut
point et, de retour en France, je me mis à la recherche d’informations sur la question. J’avais le vague souvenir d’avoir entendu parler, par le passé, de
« forteresses vitrifiées », sans parvenir à en retrouver la source. Je dus me rendre à l’évidence : ce phénomène semblait soit être
ignoré des archéologues français, soit souffrir d’un véritable ostracisme. Par
contre, de l’autre côté de la Manche, c’est un phénomène connu et largement
accepté, y compris des autorités archéologiques les plus sérieuses, même si
elles ne peuvent, pas plus que nous, l’expliquer.
Ne trouvant rien dans mon
pays, je me mis en quête d’ouvrages ou d’articles anglais sur le sujet. Je
trouvai entre autres plusieurs allusions à des « forteresses vitrifiées » dans une brochure grand public intitulée Scotland BC (« L’Ecosse avant
J.-C »), dont
l’un des chapitre, consacré aux forteresses préhistoriques, donne quelques
éléments significatifs :
« Quand les premières fortifications écossaises furent-elles construites
? Il s’agit d’une question apparemment simple - mais pratiquement impossible à
résoudre.
Notre appréciation moderne de ce que l’on peut considérer comme des
« défenses » peut ne pas recouvrir celle des peuples préhistoriques
(...). Notre jugement repose sur la découverte de traces structurelles et
d’armes. Sur cette base, la société préhistorique apparaît comme une société
relativement pacifique au moins jusqu’au début du 1er. millénaire avant J.-C.,
à une exception près : un ouvrage massif entouré de palissades situé à Meldon Bridge, dans les Borders, mais
cet ouvrage peut avoir été réalisé aussi bien dans un but de prestige que de
défense. Cependant, vers la fin de l’âge du bronze, on trouve des preuves selon
lesquelles la société amorça un changement et devint plus agressive. Les
forgerons qui travaillaient le bronze commencèrent à produire en grande
quantité des objets comme des épées et des boucliers dont la destination ne
laissait aucun doute (...). Au même moment, on commença à construire les
premiers forts de caractère défensif. Certains de ces forts furent construits
en pierres liées (« laced ») avec des poutres pour les renforcer ; si
un tel dispositif prenait feu, que ce soit accidentellement ou suite à une
attaque ennemie, et si les conditions étaient réunies, la combustion des
poutres provoquait la fusion des pierres qui, de ce fait se trouvaient
amalgamées, avec pour conséquences la déformation du mur (on désigne ce
phénomène sous le nom de « forts vitrifiés »).
Les forts vitrifiés sont aussi presque toujours
signalés dans une ambitieuse collection d’ouvrages publiés par les éditions
Penguin – sans équivalent en France - visant à dresser l’inventaire exhaustif
des monuments historiques des Iles Britanniques. La collection couvre une bonne
partie de la Grande Bretagne mais je n'ai pu acquérir la totalité de ces ouvrages, et me suis contenté de ceux sur l’Ecosse. Voici, par exemple, ce qui
est dit de cette question dans l’introduction générale, au paragraphe
consacré à l’âge du fer :
« Une renaissance économique semble avoir débuté vers 600 avant
J.-C., avec le début de l’âge du fer, le travail du fer, particulièrement
orienté vers la fabrication de charrues, ce qui permettait le développement de
l’agriculture. La grande majorité des établissements de l’âge du fer, visibles
de nos jours, étaient entourée de défenses. Les défenses atteignant les 375 m²
sont appelées « dun ». Lorsque, bien que d’une technique comparable,
elles couvrent une surface supérieure, on les appelle « forts ». Ces
fortifications occupent généralement un promontoire, par exemple Brough of
Stoll on Yell (Shetland), une hauteur, par ex. Craig Phadrig, Inverness, ou
quelquefois un tertre, par ex. Dun-da-Lamh, près de Laggan (Badenoch and
Strathspey), ou encore une île : Dun an t-Siamain, près de Carinish, sur
l’île de North Uist (Western Iles). Leur dénominateur commun est d’avoir
augmenté les défenses naturelles du site par la construction
d’un rempart qui incorpore parfois un appareillage de poutres de bois, ce qui,
si le feu est mis à l’ensemble, soit par accident ou volontairement par des
attaquants, peut déterminer un incendie d’une telle intensité qu’il provoque
une fusion des pierres qui se transforment
alors en une masse vitrifiée, comme c’est la cas à Craig Phadrig ou à Dun Ladaigh, vers
Ullapool (Ross and Cromarty) (...) ».
Craig Phadrig (photo du Highland Council)
En France
Il m’a été beaucoup plus
difficile de trouver, en France, des ouvrages archéologiques abordant, ne
serait-ce que par allusion, le sujet, y compris lorsqu’ils étaient centrés sur
la période concernée qui, on le verra, est extrêmement courte puisqu’elle
s’étend sur les âges du bronze et du fer, avec une prédilection pour cette
dernière (1800 à 700 avant J.-C., pour l’Europe), du moins pour l’archéologie
contemporaine
. A
vrai dire, je n’ai rencontré, à ce jour, dans les milieux archéologiques, qu’une
ignorance extrême de ce phénomène de vitrification, voire une certaine
condescendance pour un sujet relevant, pour les scientifiques français, de
l’archéologie mystérieuse
. Puisque les archéologues semblent dédaigner la question, j'emprunte la description du phénomène à un non-archéologue qui a cependant beaucoup écrit sur les Celtes, Jean Markale :
« Un autre système est assez curieux : il remonte dans le temps, puisqu’on a commencé à l’employer à la fin
de l’âge du bronze, c’est-à-dire aux environs de 800 avant notre ère. Il s’agit
du procédé dit de vitrification. On a longtemps cru qu’il s’agissait
d’un phénomène déclenché par l’incendie d’une forteresse au cours d’un combat,
mais en fait, cette vitrification a été provoquée délibérément pour des
raisons tactiques.
Le noyau du rempart est constitué par une masse calcinée très dure et
entièrement compacte, formée de pierres et de sable, ce qui donne au résultat
un aspect très proche du verre épais et grossier. Cette calcination n’a pu se
produire que sur place, après qu’on eut mélangé du bois aux matériaux entassés
et qu’on y eut mis le feu. C’est une technique que les archéologues
reconnaissent comme difficile à réaliser, mais qui a l’avantage incontestable
d’assurer un rempart d’une solidité à toute épreuve, comme dans le fameux camp
de Péran, non loin de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), qui reste un modèle du
genre. »
C'est grâce à cette mention de Markale que j'ai eu l'occasion de voir de visu mon premier fort vitrifié : le Camp de Péran. Cet oppidum, très facile d’accès, ce
qui n’est pas le cas, loin de là, de la plupart des oppida vitrifiés visités
depuis, se trouve sur une butte peu élevée, à quelques kilomètres du village de
Plédran, au sud de Saint-Brieuc. Première surprise, à la sortie de l’agglomération, les panneaux
routiers indiquent soit « camp romain » soit, encore plus
curieusement, « camp viking ». Sur le site même, les panneaux
explicatifs, réalisés par les archéologues du Centre Archéologique de Péran
(CAP), font référence à une « destruction du camp par les
Vikings ». Cette interprétation qui, à mon avis, n’a aucune raison
d’être, est due au fait que l’on a trouvé, lors des fouilles sur le site,
plusieurs objets attribuables aux Vikings. Ces objets provenaient de Grande
Bretagne, en particulier des pièces de monnaies, frappées à York vers le Xe
siècle. A cette date, la ville d’York, était la capitale du royaume viking
d’Angleterre. Le site de Péran ayant été détruit à cette époque, les
archéologues du CAP en ont déduit, un peu hâtivement à mon avis, que c’étaient les
Vikings qui seraient responsables de la vitrification du rempart de Péran.
Le plus curieux est que, sur le site lui-même, aucun des panneaux ne fasse la
moindre allusion à ce phénomène, pourtant particulièrement spectaculaire même à
un œil non averti.

Le camp de Péran (commune de Plédran, Côtes
d’Armor)
Vue aérienne du camp de Péran
Le camp, de forme
circulaire, se développe sur une circonférence d’environ 200 mètres. Une levée
de terre est couronnée par les vestiges d’un mur dont les pierres sont
littéralement fondues ensemble. Péran,
pour reprendre les termes de Jean Markale, est effectivement un « modèle du genre ». De
cela, je peux témoigner après avoir vu plusieurs autres vestiges beaucoup moins
significatifs. Ici, le phénomène de vitrification ne peut être contesté :
on l’observe sur presque tout le pourtour du rempart. Les pierres, d’origines
géologiques diverses (mais toutes des roches dures : quartzites,
dolérites, aplites)
sont fondues et collées ensemble (certaines se sont même liquéfiées, se
transformant, en refroidissant, en un magma évoquant de la lave volcanique)
pour ne former qu’une seule masse compacte.

Une petite portion de
l’oppidum a été restituée, par les archéologues modernes, selon la technique du
murus gallicus, que décrit
César dans la Guerre des Gaules. Le général romain attribue cette
technique, qui consiste à alterner poutres de bois et pierres, aux Gaulois, mais
nous savons de nos jours qu’elle leur est bien antérieure et remonte au moins à
l’âge du fer.
Murus gallicus d'après Déchelette
M. Jean-Louis Paute,
président du C.A.P., à qui je m’étais adressé pour obtenir plus d’explications
sur le site, m’a aimablement fait parvenir une petite brochure, éditée en 1991,
qui retrace l’historique des recherches à Péran et leurs conclusions. Alors
que, nous l’avons vu, les panneaux présents sur place ne faisaient aucune
allusion à la vitrification du rempart, a contrario, le texte de la
brochure s’y étend largement en adoptant l’hypothèse accidentelle. Force est
même de constater que la vitrification du rempart fut à
l’origine des premières fouilles diligentées au XIXe siècle au camp de Péran , comme
ce fut d’ailleurs le cas - je devais le découvrir par la suite - pour la
plupart des oppida vitrifiés connus en France.
Reconstitution moderne partielle du "murus gallicus"
Le site date donc, pour ses
parties les plus anciennes, de l’âge du fer et son occupation a duré jusqu'à
l’époque carolingienne. Selon les archéologues l’ayant étudié, sa destruction
finale remonterait à une invasion viking vers 905-925 après J.-C. Leur hypothèse,
pour expliquer la vitrification du rempart, est classique : pour eux, il
ne fait aucun doute que l’incendie du « murus
gallicus », mis à feu lors du sac de l’oppidum, est le seul responsable du phénomène de vitrification.
A l’appui de leur affirmation, les auteurs invoquent les datations obtenues par
le Carbone 14 et l’archéomagnétisme. On sait cependant depuis quelques années
que les datations « absolues » indiquées par l’analyse au C 14 sont
sérieusement à revoir. C’est surtout le cas lorsque les éléments analysés ont
été soumis à de fortes températures. Il est désormais admis que de telles
circonstances ont pour conséquence de rajeunir considérablement les
datations obtenues, jusqu’à les rendre inexploitables.
Mais un autre constat me fait prendre ces datations avec la plus extrême prudence :
en effet, si la destruction de Péran remontait effectivement au Xe
siècle, comme l’affirment les archéologues du C.A.P., le cas de cet oppidum serait unique au monde
car ce serait la vitrification la plus récente que l’on connaisse, toutes les
autres, sans exception, ayant été datées de l’âge du fer ! Même César, qui
ne se prive pas de décrire avec force détails sa conquête de la Gaule, sans
exclure aucun détail, ne fait état d’incendies qui
auraient abouti à de tels résultats.
C’est pourquoi, l’affirmation
péremptoire selon laquelle le phénomène qui aurait transformé le rempart de Péran
en un magma vitreux serait imputable à la combustion du poutrage interne me
laisse perplexe. On verra en effet qu’une telle allégation, sans doute a priori
satisfaisante pour l’intellect, n’a jamais trouvé la moindre confirmation dans
l’expérimentation.
Tentatives expérimentales
de reproduire le phénomène de vitrification
L’un des rares ouvrages dû à
des archéologues officiels qui aborde la question de la vitrification de
remparts de l’âge du fer, « Villes,
villages et campagnes de l’Europe celtique »,
nous apprend que cette question, même s’ils rechignent à le reconnaître, a
longtemps préoccupé la profession. Certains, et non des moindres,
ont même essayé de reproduire le phénomène à grand renfort de moyens
techniques, mais la plupart ont, à ce jour, échoué :
« La toponymie, les légendes populaires, et encore aujourd’hui la
littérature archéologique font une large place aux « enceintes
vitrifiées » ou « calcinées ». Dans la masse des remparts de
pierre écroulés, des « noyaux de chaux » ou des blocs fondus et
soudés par la chaleur ont été découverts sur environ 150 sites. La plupart
d’entre eux se trouvent en Ecosse et dans le Massif central. Ils ont
excité la curiosité des chercheurs, et des hypothèses de toutes sortes ont été
émises pour expliquer ce phénomène.
« Au début du XIXe siècle, leur origine a été attribuée
aux feux qu’auraient allumés les guetteurs pour transmettre des nouvelles à la
ronde. En effet les auteurs de cette époque sont très préoccupés des relations d’enceinte à enceinte, et chaque
description du site s’accompagne de considérations sur la surveillance du
territoire. Une
hypothèse plus audacieuse
attribue les vitrifications à la foudre, qui aurait ainsi eu une prédilection
particulière pour les remparts préhistoriques. Enfin certains auteurs imaginent
qu’il s’agit d’une technique mise au point pour augmenter la cohésion des
matériaux du rempart. Même si la réalisation d’un tel projet dans des roches
cristallines suppose une quantité de bois considérable, il est facile de
concevoir l’intérêt du procédé qui
permettrait d’avoir un rempart plus solide qu’un mur en béton. En revanche, les
noyaux de chaux, que des auteurs comme Drioton croyaient avoir reconnus au cœur
de talus érigés dans des régions calcaires, semblent d’un intérêt plus limité.
« En 1930, G. Childe
parvient à fondre des blocs au cours d’une expérience sur une reconstruction,
mais le choix des matériaux utilisés a été critiqué. Youngblood montre en 1978
que la combustion de l’armature de bois d’un rempart à poutrage interne ne peut
pas provoquer de vitrification si un feu n’a pas été délibérément provoqué et
entretenu dans ce but. I. Ralson reprend l’expérience en 1981 avec un rempart
long de 9 m, large de 4 et haut de 2,40 m. Il le garnit intérieurement de
poutres horizontales entrecroisées, dont les têtes dépassent en façade.
Plusieurs camions de bois ont été déversés devant le parement et enflammés. La
température au cœur du rempart ne s’est élevée que très lentement. Elle s’est
effondrée chaque fois que le vent, au lieu de rabattre les flammes vers le
rempart, les éparpillait dans les autres directions. Dans les restes du rempart
disloqué par la chaleur, quelques fragments vitrifiés ont pu être recueillis.
Il est donc bien clair qu’il faut un feu intense, bien entretenu dans des
conditions météorologiques favorables, pour obtenir une vitrification (...).
« Dans tous les cas qui ont pu être étudiés jusqu'à maintenant, l’action
du feu ne laisse jamais de traces régulières, systématiques, qui pourraient
seules être interprétées comme la preuve de l’emploi d’une technique de
construction basée sur la combustion de la roche.
Il s’agit toujours d’observations localisées ou de traces irrégulières, jamais
d’un parement vraiment soudé par le feu. De plus I. Ralston a montré que la
carte des enceintes vitrifiées ou calcinées correspondait assez exactement à la
répartition des enceintes à poutrage interne, de la protohistoire jusqu’au
Moyen Age.
« S’agit-il alors des traces de l’attaque des habitats
fortifiés ? La technique de siège la plus répandue avant l’intervention
romaine consiste en effet à cribler de projectiles le sommet des remparts pour
en déloger les défenseurs, puis à mettre le feu aux portes avant de se ruer à
l’intérieur. Il est peu vraisemblable que, en pleine action, les assaillants aient
eu le loisir d’entretenir un feu suffisamment intense pour obtenir des
vitrifications qui réclament, l’expérience l’a montré, beaucoup de combustible
et un vent favorable. Certaines enceintes écossaises sont d’ailleurs vitrifiées
sur tout leur pourtour.
Nous imaginons volontiers que la vitrification est le produit d’une destruction
systématique des fortifications de l’adversaire après la prise et souvent le
pillage de la place, pour bien marquer le caractère irrémédiable de la
défaite. »
On regrettera que cette
intéressante analyse, l’une des plus développées que j’ai pu lire à ce jour sur
le sujet, ne fasse référence à aucun site précis,
si ce n’est pour leur dénier la qualification d’enceintes «vitrifiés »
(i.e. le camp de Myard et du Châtelet d’Etaules, fouillés par
J.-P. Nicolardot, en
Bourgogne ), ni ne renvoie, dans la bibliographie citée, à aucune étude de
référence sur la question.
En conclusion, il semblerait
que
toutes les tentatives qui ont pour l’immédiat été faites afin de tenter
de reproduire le phénomène de vitrification se soient soldées par un échec ou
un semi-échec. La raison en est simple : la température atteinte à
ciel ouvert n’a jamais été suffisante pour
vitrifier les pierres, sauf
sur des surfaces réduites. La plupart ont seulement été
rubéfiées et non
vitrifiées !
En effet, d’après les géologues
consultés
, la
vitrification de matériaux comme le granite ou d’autres roches magmatiques ou
métamorphiques, ne peut se produire qu’au-dessus de 1000° (en fait plus près de
1200°-1300°). Une telle montée en température ne peut pas être atteinte à l’air
libre mais seulement dans un espace confiné, comme dans un four. Or, comment
imaginer que l’on ait pu construire un four tout autour d’une enceinte de
pierres de plusieurs centaines de mètres (et
Péran n’est qu’un
« petit » oppidum par rapport à d’autres, en Grande Bretagne en
particulier, qui couvrent plusieurs hectares !).
Une autre hypothèse, pour
obtenir une telle élévation de température, est évoquée sur le site britannique
www.brigantesnation.com, qui se
consacre presque entièrement à l’étude de ce phénomène : l’adjonction d’un
produit chimique comme catalyseur aurait peut-être permis d’augmenter les
températures nécessaires pour atteindre le point de fusion. Reste à savoir quel
produit aurait pu être utilisé ? On a évoqué le sel, la soude ou la
potasse, mais sans certitude jusque là…
On peut donc écarter, pour expliquer la vitrification d’enceintes de l’âge du fer, l’hypothèse accidentelle. Reste donc à comprendre dans quel but et comment nos ancêtres auraient
volontairement vitrifié leurs oppida ou ceux de leurs ennemis.
Penchons-nous un instant sur
l’hypothèse, défendue par certains
,
selon laquelle on aurait tenté de vitrifier les oppida pour les rendre plus
solides. En effet, à l’âge du fer, on ne connaissait pas le mortier, qui serait
une invention romaine. Auparavant, pour solidifier un ensemble de pierre, la
technique la plus fiable était l’assemblage cyclopéen : d’énormes pierres
découpées de manière à s’encastrer précisément les unes dans les autres,
parfois en les liant à l’aide de tenons. C’est ce que l’on constate, par
exemple, à
Stonehenge, où le sommet des monolithes verticaux se termine
par un tenon destiné à s’encastrer et stabiliser le monolithe horizontal. De
nombreux autres exemples de cette architecture cyclopéenne sont encore visibles sur tous
les continents : comme dans le cas des forts vitrifiés, il défient
d’ailleurs toujours la sagacité des archéologues. Le plus curieux de l’affaire,
c’est que les constructions de ce type datent plus ou moins de la même époque,
l’âge du bronze, quel que soit le pays où elles se trouvent
.
Donc, nos ancêtres, au lieu de
mortier, auraient utilisé la vitrification pour lier les pierres entre elles. On a du mal à croire que des scientifiques qui revendiquent pour eux-même (souvent en la déniant aux autres), une démarche rationnelle, puissent seulement suggérer une telle absurdité. On a pu en effet largement constater que si cela était
vrai sur certaines portions très restreintes de rempart, le résultat principal
de ce processus est d’affaiblir la construction, non de la renforcer ! En
effet, la pierre soumise au feu a plutôt tendance à s’effriter qu’à
durcir, et par conséquent le rempart à s'effondrer sur lui-même sur de larges portions ; en outre, comme l’avait remarqué Drioton, lorsque l’on tombe sur
un noyau de calcaire, celui-ci se transforme immédiatement en chaux sous l’effet de la
chaleur, ce qui affaiblit encore plus la construction ! Cette dernière remarque explique certainement pourquoi (du moins à notre connaissance), on ne trouve aucune vitrification dans les régions calcaires.
L’éclairage de la
mythologie celtique
Voici pour les faits. Nous
sommes bien obligés de conclure que nous ne savons pas comment nos ancêtres de
l’âge du fer firent pour vitrifier leurs remparts (dont certains, en particulier dans les îles britanniques) sont très vastes et encore moins pourquoi.
En l’absence de toute explication
rationnelle à cette énigme, du moins en l'état de nos connaissances, et constatant que les oppida vitrifiés se trouvent, de
par leur ancienneté et leur situation, liés à l’aire celtique – même si on ne
peut pas les attribuer aux Celtes proprement dits, pas plus d’ailleurs que les
mégalithes, nous nous sommes tournés vers la mythologie celtique pour voir si elle pourrait nous permettre de comprendre.
Tout ce qui touche aux Celtes,
à leur civilisation et à leur religion ou à leur mythologie, reste largement
ignoré du grand public et reste l’apanage des spécialistes, la plupart
anglo-saxons.
En France, c’est le regretté
Jean Bertrand, surtout connu pour ses ouvrages grand public sous le pseudonyme
de Jean Markale, qui a fait le plus pour vulgariser cette mythologie, en
particulier à travers un ouvrage d’une érudition extrême, La femme celte, qui eut un retentissement mondial, ou encore L’épopée celtique en Bretagne ou L’épopée celtique d’Irlande. Certains de
ses ouvrages plus commerciaux lui valurent des critiques cinglantes de certains de ses collègues universitaires qui lui reprochèrent trop d’approximations dans ses travaux. Il n’empêche que
c’est à lui que nous devons l’intéressante réflexion sur la relation qui
pourrait exister entre les « Villes (ou châteaux) de verre », nombreux
dans la mythologie celtique, et les
forteresses vitrifiées :
« Il faut d’ailleurs voir dans ce procédé de vitrification
l’origine des traditions concernant l’Urbs Vitrea, Care Gwtrin et autres lieux
du genre Royaume de Gorre, c’est-à-dire des « Cités de Verre » qui se
rencontrent si souvent dans les romans arthuriens et d’une façon générale dans
toutes les traditions mythologiques irlandaises ou bretonnes. Les « Villes
Blanches » de la tradition orale, qui désignent toutes d’anciennes
forteresses ruinées, sont un souvenir évident de cette technique, par ailleurs
parfaitement oubliée. »
Si cet auteur a raison, si
toutes les « cités de verre » ou « châteaux de verre » ou
« villes blanches » (et leurs variantes) des légendes celtiques
désignent d’anciens « forts vitrifiés », les voies de recherche sont
beaucoup plus larges que je ne l’avais imaginé !
Il y a bien d’autres pistes
dans ses livres. Nous en avons trouvé quelques-unes dans son ouvrage consacré à
Merlin l’enchanteur.
Nous y apprenons par exemple
que, lors du combat entre Aurélius Ambrosius et Vortigern, ce dernier « se
réfugie dans une forteresse à laquelle on met le feu. L’usurpateur périt avec
toute sa famille. »
Mais une note en fin de volume précise :
« Dans l’Historia Brittonum,l’auteur
prétend que « la quatrième nuit, toute la citadelle fut embrasée par le
feu du ciel (chap.47) »
Ce feu serait donc d’origine
surnaturelle.
Nous commencerons par le
site le plus occidental de « l’aire celtique » où l’on ait signalé
des traces de vitrifications :
l’Ile de Tory, située au large de la
côte occidentale de l’Irlande. Cette île doit son nom (Tor Inis =
« Ile de la Tour ») à une tour, l’une de ces nombreuses round towers (« tours
rondes ») qui se dressent encore par centaines sur l’Ile Verte (ainsi
qu’en moindre quantité en Ecosse) et dont on n’a jamais pu savoir à ce jour
quel en avait été l’usage véritable. L’hypothèse la plus commune les fait
remonter aux tout débuts de l’ère chrétienne ; elles auraient alors servi de clochers ainsi
que de tours de guet mais aussi de « coffre-fort » dans lesquels les
moines entreposaient le trésor des monastères menacés par les raids des Vikings.
Comment, alors, expliquer que, dans la plupart des cas, elles soient encore debout
et le plus souvent intactes alors que les monastères qui les entouraient ont
été rasés ? L’extraordinaire qualité de leur architecture, faite de
pierres magnifiquement appareillées sans mortier explique sans doute en partie
le mystère. Le fait est que la tour de Tory
Island a tellement marqué l’histoire de cette petite île que l’île
elle-même a pris le nom de la tour. Voici ce que j’ai pu lire à son
sujet :
« La tour de l’île de Toriniz, aujourd’hui île Tory (…), d’âge si
vénérable, n’existe plus en tant que bâtiment. Toutefois, elle perdure encore,
ou du moins perdurait au siècle dernier, en tant que ruines. Le grand
étonnement des archéologues fut de constater que ces vestiges étaient
vitrifiés. Quelle peut être la raison de cette vitrification ? ».
Or, c’est précisément sur
cette île que, selon la tradition
mythologique irlandaise, les Fomoire (ou
Fomore), avaient installé leur camp
de base et c’est de là qu’ils lançaient leurs expéditions militaires sur
l’Irlande, alors occupée par leurs ennemis, les Tuatha dé Danaann (que
l’on traduit, sans autre certitude, par les « enfants » ou les
« fils » de la déesse Dana). Le peuple des Fomoire était
composé de géants maléfiques ; ils étaient à la fois alliés, par des liens
familiaux complexes, et néanmoins ennemis irréductibles, des Tuatha dé Danaann. Aucun de ces deux peuples n’était originaire d’Irlande
mais des « Iles du Nord du Monde », un endroit des plus mystérieux
dont tout ce qu’on sait est qu’il était situé dans l’extrême Nord du monde. Ces
deux peuples étaient dotés de puissants pouvoirs et d’armes, réputés
« magiques » pour nos ancêtres mais qui évoquent, lorsqu’on y regarde
de plus près, certaines de nos techniques les plus modernes et les plus
destructives comme les armes bactériologiques, le laser ou le canon à plasma…
L’un des chefs des Fomores, le géant Balor, qui était par
ailleurs le grand-père du « dieu » Lug, l’un des Tuatha dé Danaann, avait établi son quartier général
sur Tor-iniz (l’Ile de la Tour). Les
descriptions que l’on a de Balor font froid dans le dos. Elles évoquent plus
une sorte de machine de guerre, un gigantesque robot digne de la Guerre des
Etoiles, qu’un être vivant : on le décrit comme un cyclope dont l’œil
unique émettait un rayon qui réduisait en cendres ses ennemis : « C’est un géant effrayant dont
l’unique œil foudroie toute une armée lorsqu’il soulève les sept paupières qui
le protègent ».
Cet « œil » maléfique devait, pour faire son œuvre de mort, être
maintenu ouvert grâce à des crochets métalliques manipulés par plusieurs aides
qui se tenaient soigneusement à l’écart. Lors de l’une des trois batailles de Mag Tured qui se déroulèrent en Irlande
entre les Fomore et les Tuatha de Danaann, le dieu Lug, un des Tuatha,
parvint à neutraliser l’œil de Balor, qui ravageait les rangs de ses
compagnons, en utilisant sa lance personnelle, que les textes désignent sous le nom de « lance
d’Assal », l’un des quatre objets magiques provenant des Iles du Nord du Monde.
Cet objet avait lui aussi des propriétés extraordinaires : il ne manquait
jamais son but et, après avoir accompli son œuvre destructrice, il revenait
dans la main de son maître. Pour le « refroidir », on devait le
plonger dans un chaudron rempli de « poison ou de fluide noir », que
l’on a sans raison, à mon sens, assimilé à du sang humain .
Jean Markale, dans Les Celtes et la civilisation celtique, donne
plus de détails sur cet instrument fabuleux :
« Lug est le possesseur d’une lance magique qui fait penser aux
flèches à la fois meurtrières et guérisseuses d’Apollon. Elle s’appelle Gai
Bolga.
C’est l’emblème de l’éclair. Elle provient d’Assal, une des îles du nord du
monde (allusion à l’Hyperborée) d’où étaient originaires les Tuatha Dé Danann.
Cette lance avait un pouvoir venimeux et destructeur et, pour atténuer ce
pouvoir, il fallait plonger la pointe dans un chaudron rempli de poison et de
« fluide noir », c’est-à-dire de sang ».
Après avoir été lancée, en utilisant un cri particulier (« ibar »,
qui signifie « if »), et une fois touché son but qu’elle ne ratait
jamais (« sa valeur est telle qu’elle ne frappe pas par erreur »),
elle revenait d’elle même dans la main du dieu grâce à un autre cri, « athibar » : « elle revient
en arrière jusqu’à la main qui l’a lancée ».
Qu’était donc cet
objet ? Quelle technologie était mise en oeuvre par Balor et par Lug
pour se faire la guerre ? N’est-il pas étrange que la Tour de Toriniz, l’endroit précis où résidait le géant Balor, ait
été vitrifiée ?
Mais il y a beaucoup d’autres
faits inexpliqués dans la mythologie irlandaise, d'autant plus que celle-ci ne nous est parvenue que par bribes, souvent mal transcrites et interprétées par les moines chrétiens…
Toujours en Irlande, je suis
aussi tombé sur une courte notice parlant de la destruction de Navan Fort.
Navan fort
Cet endroit, situé dans le nord de l’Irlande, était un haut lieu religieux.
Les circonstances de sa destruction laissent à penser qu’il fut détruit
volontairement par le feu dans un but cultuel ou religieux. Il en est de même
d’un autre site extraordinaire, que l’on appelle le Grianan of Aileach, nom
que l’on traduit généralement par « chambre du soleil ».
Grianan of Aileach
Il y a
aussi le stupéfiant Tumulus de Newgrange, dans l’est du pays, gigantesque
structure de pierre construite et reconstruite au cours des millénaires, qui
est aussi une « chambre du soleil ».
Newgrange
Je pense que c’est cette piste
qu’il faut explorer pour tenter de résoudre l’énigme des forts vitrifiés.
Les oppida vitrifiés de
France
Depuis la première version de
ce mémo (10/12/98), j’ai eu connaissance des travaux d’un archéologue anglais
du nom de Iain Ralston sur les oppida du Limousin
.
Pendant l’été 1999, en compagnie de quelques amis, je m’y suis rendu pour
tenter de voir de mes propres yeux quelques uns des sites cités dans cet
ouvrage comme portant des traces de vitrifications. J’ai cependant dû constater
que le travail de Ralston, qui est par ailleurs l’un des inventaires en langue
française les plus complets qui soient sur les forteresses de l’âge du fer en
France, fait une large place au phénomène de vitrification. Malheureusement,
sur place, l’accès aux sites est souvent rendu difficile par une végétation débridée et un
manque d’entretien flagrant.
Nous dûmes ainsi renoncer à nous rendre sur
certains oppida en raison d’indications trop imprécises (ce fut le cas aux Muraux, commune de St. Georges de
Nigremont où, même les riverains ne purent nous en indiquer l’accès).
D’autres endroits, où l’on avait par le passé signalé des vitrifications, ont
été détruits par une urbanisation sauvage sans que personne ne s’y oppose (ex. village de Thauron). Les autres sites visités, pour n’être pas
urbanisés, n’en sont pas mieux protégés. C’est le cas du Puy de Gaudy, dominant le village de Ste. Feyre, tout près de
Guéret, pourtant l’un des sites français le plus souvent cité comme exemple de
vitrification : il est devenu le lieu de
promenade favori des pensionnaires de la maison de retraite de la MAIF
située dans le village au-dessous ou des « VTTistes » qui
franchissent sans état d’âme les murailles millénaires, accentuant leur
éboulement.
Ancienne carte postale représentant Ste. Feyre dominée par le Puy de Gaudy (Creuse)
Dans ce département, pourtant fort riche en vestiges archéologiques
et historiques, les autorités ne paraissent pas avoir conscience de la valeur
des sites dont elles ont la responsabilité. Au cours de ces visites, par
ailleurs assez décevantes pour les raisons indiquées, nous n’avons relevé que
peu de vitrifications indiscutables.
Ce fut cependant le cas à
l’oppidum de Châteauvieux à Pionnat qui
fait face au Puy de Gaudy. Bien que l’endroit soit, lui aussi, envahi par une
végétation inextricable, les vitrifications sont tout à fait remarquables et incontestables. Ayant
vu
Péran, il nous a été facile d’y constater
le même phénomène qu’en Bretagne
: pierres littéralement
« soudées » entre elles par leurs parois ; certaines transformées en une véritable
« lave ».
Echantillon prélevé au camp de Châteauvieux - Pionnat (Creuse) juilllet 1999
Sur place, la théorie lue ou entendue à propos de plusieurs
sites, selon laquelle ces pierres vitrifiées étaient le résultat d’un processus
de fonte de métaux dans des hauts-fourneaux répartis le long du rempart est
abondamment reprise. Elle ne résiste cependant pas une minute à l’examen. En
effet, à
Pionnat, nous avons compris
comment l’on pouvait confondre certains éboulements du rempart, qui forment une
sorte de voûte cimentée par la vitrification des pierres, avec le cul-de-four
d’un haut-fourneau primitif. Cette confusion, excusable pour des
non-spécialistes cherchant à tout prix une explication satisfaisant le
bon-sens, ne l’est plus lorsqu’on la lit sous la plume d’archéologues avertis.
Il suffit pour s’en convaincre d’observer le rempart dans sa continuité pour
s’apercevoir que ce que l’on a pris un peu vite pour des vestiges de hauts-fourneaux
ne possède aucune des structures qui seraient nécessaires au fonctionnement
d’un tel dispositif (en particulier l’absence de prise d’air). Il s’agit bien,
purement et simplement, d’une « bulle de lave » comme on en observe
dans les formations volcaniques naturelles, sauf que, dans le cas qui nous
occupe, nous avons affaire à un processus artificiel et non à un phénomène
naturel.
Depuis ce voyage dans la
Creuse, j’ai, bien entendu, poursuivi mes investigations. Elles m’ont permis
d’identifier avec certitude d’autres forts
vitrifiés, en particulier deux dans la région de Roanne (en mai 1999), et
un autre dans l’Allier (en mai 2000) [voir liste in fine de cet
article].
En résumé
- Leur âge : Bien que recouvrant, plus ou moins,
l’aire d’extension de la
civilisation celtique (Ecosse, Irlande, Grande-Bretagne, France, Belgique, pays
scandinaves, Europe centrale, Italie, Portugal
), les
forts vitrifiés remontent tous sans conteste à l’
âge du fer. Ils sont donc antérieurs à l’invasion
celte en Europe occidentale, qui culmina aux environs de - 275 ;
- La cause accidentelle peut être définitivement exclue;
Les vitrifications que l'on constate ont donc été provoquées volontairement ;
Dans quel but ? La piste la plus vraisemblable est la piste
cultuelle (Cf. l’exemple de Navan Fort).
Il existe cependant d’autres sites vitrifiés hors de l’aire celtique,
dont l’origine reste tout aussi inexplicable: hormis les Iles Britanniques, qui en compte le plus grand nombre, nous en avons identifié une centaine en France, mais aussi en Scandinavie, en Europe de
l’Est (Allemagne, ex-pays du bloc de l'Est), Suisse, Portugal, etc.
D'autres mentions de vitrifications sont faites sur le continent américain et au Moyen-Orient, en particulier dans l’ancien pays des Hittites
(actuellement zone intermédiaire entre la Turquie, la Syrie et l’Irak) ainsi qu'en Inde.
J’espère pouvoir développer ces points dans une étude plus approfondie que je poursuis.
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
- ALCOCK, Leslie (1971). Arthur’s
Britain. London, Penguin Books, 1971;
- AUDOUZE,
Françoise ; BUCHSENSCHUTZ, Olivier (1989). Villes, villages et campagnes de l’Europe
celtique. Paris, Hachette, 1989 (collection Bibliothèque d’archéologie), pp.
120-121.
- Base Mérimée du Ministère de la Culture ;
- Les
Celtes (1997), ouvrage collectif publié sous la
dir. De Sabatino Moscati à l’occasion de l’exposition Les Celtes au
Palazzo Grassi à Venise, 1991. Paris, Stock,
1997.
- CHILDE, Gordon. Excavations of the vitrified Fort of
Finavon, Angus (cite par
MacKIE).
- Collection des ouvrages sur le patrimoine classé de Grande
Bretagne publié par les éditions Penguin, en particulier : The buildings of Scotland. London, Penguin
Books.
- Dumfries and Galloway (1996)
- Fife (1988);
- Highland and Islands (1992);
- Lothian, except Edinburgh (1978);
- Nombreux guides touristiques, en
particulier : Grand Guide d’Irlande (1988). Paris, Gallimard
(Bibliothèque du voyageur), 1988 ; Guide Bleu Bretagne, Paris, Hachette, 1992 ; Guide Bleu Grande-Bretagne. Paris,
Hachette, 1990 (réed. 1994) ; Guide
du Routard Ecosse 1996-1997. Paris, Hachette, 1995 ; Guide du Routard Irlande 1994-1995.
Paris, Hachette, 1994.
- HATCHER CHILDRESS, David. « The evidence for ancient
atomic warfare », extract from Nexus Magazine, vol. 7, Number 5 (August-September 2000) (site
internet : www.nexusmagazine.com/ancatomicwar1.html
- KEEN,
Richard ; BURGUM, Ian (1997). Wales. London, Weidenfeld & Nicolson, 1997.
- KOARER-KALONDAN, E. et GWEZENN-DANA
(1973) : Les Celtes et les
extra-terrestres. Verviers, Marabout, 1973 (ouvrage épuisé).
- KOUSNETSOV, IVANOV et
VELETSKY (1989): « Effects of fires and biofractionation of
carbon isotopes on results of radiocarbon dating of old textiles »,
in : Actes du symposium
scientifique international du CIELT, Paris, 1989.
- LA TORRE, Michel (De). Guides
départementaux Deslogis-Lacoste. Paris, Deslogis-Lacoste, dates
diverses : Guides Creuse, Haute-Loire, Loire, etc.
- LEMAN-DELERIVE, Germaine ; LEFRANC,
Guy (1980). Forteresses gauloises et gisements de l’âge du fer dans le
Nord-Pas de Calais. Atlas archéologique n°2. Lille, A.P.A.R., 1980, (2
volumes).
- MacKIE, Euan : « Radiocarbon
dates and the scottish iron age », in : Antiquity, XLIII, 1969, pp. 15-26
(texte aimablement communiqué par l’Université de Cambridge).
- MARCILLE Sabine (1999) :
« Civilisation celtique : ces étranges cités vitrifiées »,
in : Efferve-Sciences, n°11
(1999).
- Nombreuses œuvres de Jean MARKALE pseudo.
de Jean Bertrand), en particulier :
- Les Celtes et la civilisation celtique. Paris, Payot, 1969
(rééd. 1992).
- Merlin l’enchanteur.
Paris, Ed. Retz, 1981 ; rééd. recue et corrigée, Paris, Albin Michel,
1992 (coll. Espaces libres).
- Petite
encyclopédie du Graal. Paris, Pygmalion, 1997.
- Sites
et sanctuaires des Celtes. Paris, Guy
Trédaniel, 1999.
- NICOLARDOT, J.-P. (1991): Le Camp de Péran, Saint-Brieuc,
Centre archéologique de Péran, 1991.
- PENNICK, Nigel (1997). The sacred
world of the celts. London, Thorsons, 1997.
- PERSIGOUT, Jean-Paul (1985): Dictionnaire de mythologie celte. Paris,
Ed. du Rocher, 1985 (rééd. 1990).
- POLET, Jean-Claude (ss. La dir.) (1992). Patrimoine
littéraire européen, T. 3 : Racines celtiques et germaniques. Bruxelles, De Boeck-Wesmael, 1992.
- RALSTON, Ian B.M., (1992) : Les enceintes fortifiées du Limousin.
Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1992 (Documents d’Archéologie
Française, n°36).
- RITCHIE, Anna (1988): Scotland BC Edinburgh, 1988 (rééd.
1994), H.M.S.O. (coll. Historic Scotland).
- TALBOT, Rob; WHITEMAN,
Robin (1998). Northumbria, English border country. London,
Weidenfeld and Nicolson, 1998.
- WOOD,
Juliette (1998). The Celts. London, Duncan Baird Publ. 1998.
- ZACZEK, Iain (1998). Ancient
Scotland. London, Collins and Brown, 1998.
Sites internet (sous réserve de changements)
Remerciements
Je remercie mon frère Yvon
COMTE, Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon, pour
m’avoir indiqué quelques forts vitrifiés recensés dans les bases du Ministère
des Affaires Culturelles. C’est aussi grâce à ses recherches sur Internet que
j’ai eu connaissance du site anglais Prehistoric
Web Sites qui donne la liste la plus étendue de forts préhistoriques des
Iles Britanniques (dont un certain nombre sont vitrifiés). Je lui dois aussi
d’être entré en contact avec Michel WIENIN, chargé de l’étude du patrimoine
industriel à l’Inventaire Général, Direction des Affaires Culturelles
Languedoc-Roussillon, qui a fait analyser certains échantillons de
vitrifications recueillies par mes soins par l’Ecole des Mines d’Alès.
Malheureusement, les résultats qu’il m’a communiqués ne m’ont pas éclairé sur
le phénomène…
Denise BONJOUR, éternelle chercheuse
aux frontières du réalisme fantastique, qui m’a fait connaître un article de
Sabine MARCILLE consacré à ce sujet (1999).
Merci aussi à tous ceux dont
les indications sur place m’ont permis de visiter les sites, en
particulier : Mme DUQUESNE, à Lussac-les-Châteaux (86), M. Eugène
MAZEROLLES (à Bègues, Allier), qui a de plus eu la gentillesse de m’offrir quelques échantillons de pierres vitrifiées
prélevées sur sa propriété ; les mairies de St. Alban-les-Eaux et de
Villerest (42) dont le personnel s’est mis en quatre pour tenter de m’apporter
des informations sur le sujet ainsi que tous les anonymes rencontrés au cours
de mes pérégrinations.
A Robert COURBIS, qui m’a
fait cadeau de deux échantillons de verre libyque rapportés d’une expédition
dans la Grande mer de sable, aux confins de la Libye et de l’Egypte.
M. Victor SOUCHE, un auteur
Creusois de passage à Aubenas, à qui j’ai appris l’existence de ces structures
dans son département et qui, en retour, m’a spontanément adressé les
photocopies d’anciens articles parus sur les forts vitrifiés de la Creuse que
je ne connaissais que par des citations.
Auxquels je dois ajouter,
depuis la publication de mon premier article en français et en anglais sur le
site britannique brigantesnation.com un nombre
considérable de correspondants étrangers qui m’ont communiqué des informations.
Qu’ils soient tous ici remerciés.